Un mois et demi après son arrivée en grande pompe à Marseille, la flamme olympique fera étape à Saint-Étienne. Attendu de longue date depuis une première annonce le 31 mars 2022, cet événement rythmera la vie ligérienne tout au long du samedi 22 juin. Il débutera à 9 heures à Roanne pour s’achever à 19h20 à Saint-Étienne, avec des passages par Charlieu, Montbrison, Feurs, Saint-Chamond et Firminy.
« C’est quelque chose que nous ne reverrons pas, il ne fallait pas louper l’occasion », s’est enthousiasmé Georges Ziegler le 23 mai. Dans les locaux du Conseil départemental, son président a appelé chacun à se « créer des souvenirs ». Rappelons que, pour participer à la fête, cette collectivité a accepté de débourser 180 000 euros. Jean-Yves Bonnefoy, deuxième vice-président en charge de la jeunesse et des sports, rappelait, lui, la philosophie qui prévaut pour cette journée : « que le sport vienne au contact des habitants » au cours d’ « une journée voulue festive et populaire ».
Il s’agira de la 38e des 68 étapes de ce périple qui prendra fin avec l’allumage de la vasque, le 26 juillet à Paris, jour de la cérémonie d’ouverture des XXXIIIes Jeux d’été de l’ère moderne. En tout, 10 000 porteurs véhiculeront la flamme dans plus de 400 villes. Du 25 au 28 août, un millier de personnes assureront à leur tour le relais de la flamme paralympique, qui traversera une cinquantaine de villes.
Pour rappel, l’allumage de la première torche du relais a eu lieu le 16 avril à l’aide des rayons du soleil, comme le veut la tradition, lors d’une cérémonie organisée dans le sanctuaire d’Olympie, en Grèce. Elle a ensuite traversé la Méditerranée à bord du Belem avant de sillonner l’Hexagone avec un intermède dans les territoires d’outre-mer, du 7 au 17 juin.
Une flamme en partie made in Loire
La flamme olympique traversera la Loire du nord au sud samedi 22 juin. Ce sera en fait un retour aux sources pour cet objet emblématique conçu en partie sur le territoire. Sa fabrication a été assurée par ArcelorMittal, partenaire officiel des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Une œuvre de 1,5 kg et d’une hauteur de 70 cm imaginée avec le designer Mathieu Lehanneur, puis réalisée en France à partir d’acier « issu de sources recyclées et renouvelables ». Les premières étapes ont eu lieu durant l’été 2023. À Châteauneuf, près de Rive-de-Gier, ArcelorMittal a coulé « un acier 100 % recyclé, à partir d’acier usagé récupéré puis fondu. Le choix de cette filière permet d’obtenir un acier à empreinte carbone réduite », explique le groupe. « L’acier a ensuite été laminé à Florange (57), sur les lignes qui servent habituellement aux produits les plus exigeants destinés à l’industrie automobile et à l’emballage alimentaire, pour obtenir une feuille d’acier de 0,7 millimètre d’épaisseur. Enfin, le site ArcelorMittal de Woippy (57) a assuré la découpe de cette feuille d’acier en flans prêts à être mis en forme », peut-on lire encore sur son site internet. La production en série de quelque 2 000 torches s’est ensuite déroulée de fin 2023 à début 2024 sur les sites industriels des prestataires du leader mondial de l’acier. Celui-ci a également fabriqué le chaudron que chaque dernier porteur de la flamme allume en fin de journée et la vasque qui le remplacera le 26 juillet, ultime jour du relais.
Voici le déroulement de cette journée dans la Loire. Attention, les horaires sont donnés à titre indicatif et peuvent évoluer.
Roanne, 9 heures
Le relais s’élancera du stade Malleval à 9 heures pour arriver sur les Bords de Loire 2 vers 10 heures, avec un chant entonné par les élèves des écoles primaires de la ville et un flash mob proposé à tous les Roannais. On y trouvera aussi un village olympique avec démonstrations de clubs roannais, des show BMX, du sport adapté et du sport sur structures gonflables pour les plus jeunes. Entre les deux, les porteurs de la flamme parcourront 4,4 km, empruntant les rues Georges-Plasse et Mulsant, le cours de la République, l’avenue Gambetta, la place Clemenceau et l’avenue de Lyon. Ce relais collectif mettra à l’honneur toute une catégorie de sportifs de la Fédération française du sport adapté (FFSA), chacun représentant sa discipline. 22 des 24 relayeurs sont porteurs de trisomie 21, un symbole fort puisqu’ils sont exclus des Jeux paralympiques. Un clin d’œil à l’histoire, aussi, puisque la ville avait accueilli, en 1983, quelque 1 300 athlètes pour les Jeux nationaux FFSA, premier événement national du sport adapté. La Fête de la musique complètera le programme.
Charlieu, 10h30
Tandis que le marché battra son plein, rendez-vous est donné à 10h30 au collège Michel-Servet pour parcourir les 850 m menant à l’abbaye bénédictine. Petit poucet de cette journée, la commune proposera des animations sportives et culturelles sur la place Saint-Philibert, où se tiendra également un concert en soirée.
Montbrison, 12 heures
Le convoi s’élancera du parc des thermes à 12 heures. Il est attendu au jardin d’Allard à 12h40, via près de 3 km sur l’avenue de la Libération, les boulevards Gambetta, Carnot, Duguet, de la Madeleine et Louis-Dupin ainsi que l’avenue d’Allard. Il y aura des animations en chemin et au jardin d’Allard, où arrivera également le relai de la fourme. Le marché, la braderie des commerçants et la Fête de la musique rythmeront aussi la journée.
Feurs, 13h05
La flamme olympique fera en partie le tour de la piste de l’hippodrome de Feurs avant d’emprunter le boulevard éponyme en direction du centre-ville. Ces quelque 1,9 km transiteront par la grande-rue de Randan, le carrefour Croix-de-Mission, la rue de la Loire, le rond-point du colonel Combe, les places du Forum et Carnot, la rue de la République, l’avenue Jean-Jaurès avant d’atteindre sa destination finale : le monument aux morts place du 11-Novembre. Toute la ville sera en fête, entre la Fête de la musique et la Fête de l’hippodrome, en présence de champions olympiques, entre courses, démonstrations sportives, spectacle équestre et feu d’artifice.
Saint-Chamond, 15h20
Le premier porteur s’élancera de l’Arena Saint-Étienne Métropole pour un parcours de 4 km qui traversera le parc de Novaciéries pour rejoindre la place de la Liberté vers 16h15. Des animations sportives et culturelles se tiendront sur les deux sites de 14 à 18 heures, avant de laisser place à la fête de la musique.
Firminy, 16h30
Le cortège s’élancera de l’Unité d’habitation Le Corbusier à 16h30, passera devant le château des Bruneaux puis l’église Saint Pierre. Objectif : rejoindre 1,2 km plus loin le stade qui porte le nom du célèbre architecte, où se tiendront toute une série d’ateliers sportifs et ludiques de 13 à 18 heures.
Saint-Étienne, 17h25 et 17h40
Rendez-vous d’abord à 17h25 à la Cité des Aînés autour de Mélanie Berger-Volle (102 ans). « J’ai été très étonnée qu’on demande à quelqu’un de mon âge de porter quelque chose d’aussi lourd, mais j’ai fait tellement de choses que je ne pensais pas possible dans ma vie… » expliquait, le 23 mai, cette ancienne résistante qui s’est préparée en conséquence. Le cortège redémarrera ensuite du planétarium à 17h40 pour rejoindre le stade Geoffroy-Guichard, où la cérémonie d’allumage du chaudron se tiendra sur le parvis vers 19h30. Entretemps, la torche aura parcouru 8,2 km via le conservatoire Massenet, le musée d’art et d’industrie, les places Waldeck-Rousseau, du Peuple et Dorian, l’hôtel de ville, le site du puits Couriot, les places Jean-Jaurès et Carnot ainsi que la Cité du design, avec des animations à chaque fois. Le parvis du stade accueillera notamment un village avec stands, écran géant et scènes. De quoi patienter jusqu’au grand spectacle annoncé à 22h30. De son côté, la place de l’Hôtel-de-Ville sera le théâtre d’initiations et de démonstrations sportives le samedi de 16 à 21 heures et le dimanche de 10 à 19 heures. Rappelons que Geoffroy-Guichard accueillera six matches des tournois olympiques féminin et masculin de football du 24 au 31 juillet, dont la rencontre France-Canada le dimanche 28.
Franck Talluto
Pourquoi les JO ont-ils lieu tous les quatre ans ?
Vous savez probablement que les JO ont lieu tous les quatre ans. Mais en connaissez-vous la réponse ? Philippe Vandel apporte l’explication dans son ouvrage Les Pourquoi des Jeux olympiques (éditions Kero, 300 pages environ, 18,50 euros), où il répond à des questions telles que « Pourquoi l’emblème de la France est-il le coq ? » ou encore « Pourquoi certains sports sont-ils olympiques et d’autres pas ? ». « Hormis les deux guerres mondiales, cette loi immuable a connu un seul impair : les JO de Tokyo 2020, qui se sont tenus en 2021, pour cause de Covid, rappelle le journaliste de Franceinfo (1). Mais pourquoi attendre quatre longues années entre deux compétitions ? (…) Pour susciter le désir ? Ou parce que la compétition est trop complexe à organiser annuellement ? Ni l’un ni l’autre. Car telle fut la volonté de Pierre de Coubertin quand il a relancé les Jeux modernes, avec leur première édition en 1896 à Athènes. La suivante aura lieu en 1900 à Paris. Quatre ans plus tard donc. Le fier baron voulait respecter la tradition antique dans laquelle les Jeux où participaient des candidats de toutes les cités de la péninsule hellénique étaient déjà espacés de quatre années (…) Pourquoi les Grecs anciens espaçaient-ils les Jeux de quatre années ? Parce que la période de quatre années séparant les éditions de ces Jeux antiques était nommée « olympiade » et servait à l’époque de système de datation. Le temps ne se mesurait pas alors en années, mais donc en olympiades. Qui comptaient 48 mois. Il y a un siècle, l’abbé Chauve-Bertrand s’est passionné pour ces questions. Il écrit : « C’est en Grèce qu’on trouve l’ère célèbre des Olympiades, ou période de quatre années, ainsi nommée parce que, à Olympe, se célébraient des jeux tous les quatre ans. » Mais pour la plupart des auteurs modernes, et pour le CIO (Comite international olympique, NDLR), les olympiades préexistaient à la création des Jeux olympiques. Le nom provient de la demeure des dieux dans la mythologie : le mont Olympe, la plus haute montagne de Grèce. Dans Bouvard et Pécuchet, Flaubert précise : « Les dates ne sont pas toujours authentiques. Ils apprirent dans un manuel pour les collèges, que la naissance de Jésus doit être reportée cinq ans plus tôt qu’on ne la met ordinairement, et qu’il y avait chez les Grecs trois manières de compter les olympiades. » Le génial Gustave termine sa rédaction en 1880. Ce qui nous instruit sur le niveau des collèges de l’époque. Et donc de la nôtre. Jusqu’à preuve du contraire... »
(1) Extrait reproduit avec l’aimable autorisation des éditions Kero.